VIDÉO: « J’ai plus de guts que je le pensais! »
Céline Gobert
26 mai 2017
Carrière
6 minutes à lire
888
Après un burn-out, cette illustratrice a lâché le 9 à 5 éreintant des agences de pub pour se lancer en solo! Un parcours semé de défis… jusqu’au succès d’aujourd’hui!
Tout ce qui compose le quotidien d’Anne-Julie Dudemaine, illustratrice freelance, l’inspire: les activités de ses amis ou de sa famille, ses maladresses, le contenu de ses assiettes… Et quand elle ne fait pas de dessins, dans un style qu’elle définit comme «naïf» et «très détaillé», elle crée des gifs de poutines pour les rôtisseries St-Hubert!
Trois ans après avoir tourné le dos au quotidien en agence, elle compte parmi ses clients des noms comme TFO, Tourisme Québec, LG2, Desjardins, ou encore Uber Montréal. Quel est le secret de sa réussite? Rester elle-même, être authentique. «Je pense que c’est la raison qui fait qu’on vient me chercher», confie-t-elle. Elle nous a ouvert les portes de son appartement/atelier montréalais.
Espresso-Jobs: Comment a commencé l’aventure de l’illustration en solo?
Anne-Julie Dudemaine: J’ai lâché la pub il y a trois ans. Je prends surtout des commandes pour des clients. Je travaille autant en édition que pour des magazines, des agences de publicité, des entreprises ou des particuliers. Comme je viens du milieu publicitaire, beaucoup de mes clients viennent de ce milieu.
Pouvez-vous nous présenter des projets récents?
L’un de mes derniers projets est l’illustration de deux couvertures de roman pour Valérie Chevalier qui est une chroniqueuse à Salut Bonjour. J’ai adoré faire cette création, plus conceptuelle. Je lis le livre, puis il me vient des idées. C’est challengeant. L’un de mes autres projets chouchou est pour le magazine culinaire Caribou, la bouffe est l’une de mes autres passions. Quand on m’a approchée pour illustrer une page, j’étais aux anges! Ils ont aussi créé un livre de coloriage pour adultes, j’ai fait deux «spreads». J’ai choisi des restaurants que j’apprécie tout particulièrement à Montréal. Je suis très fière de ce projet.
Vous nous expliquiez aussi avoir réalisé des gifs animés. Comment procédez-vous pour effectuer ce travail plus numérique?
Souvent, le plus intuitif pour moi est de faire un sketch à la main. Les idées me viennent plus rapidement à la main qu’à l’ordinateur. Le sketch n’est pas aussi détaillé que le dessin final mais ça m’aide. Ensuite, je le scanne, je le mets dans Photoshop, et je complète ma coloration et mon ancrage de façon numérique avec une tablette graphique. Après je peux dessiner en calque, et faire des gifs animés. C’est plus facile.
Pourquoi avoir quitté le monde de la pub?
Même si j’ai aimé ça, je pensais sans cesse que quelque chose clochait. Je me disais que le problème c’était que je n’étais pas dans le bonne agence, ou que je ne travaillais pas pour le bon client… Finalement, mon corps a sonné l’alarme. En 2014, j’ai fait un épuisement professionnel. Pendant cet arrêt de travail, je me suis mise à dessiner, comme un exutoire. Mes émotions se sont matérialisées par des dessins. Je tapissais les murs de mon salon et un jour je me suis dit: «je pense que j’ai quelque chose». Être celle «qui crée» me manquait.
Pourquoi le freelance?
Parce que les postes en entreprise sont très rares à moins de se spécialiser en jeux vidéo par exemple, ce qui n’était pas mon cas. Comme je suis une personne insécure qui a besoin de validation, j’ai été chercher mes crédits de créative à l’école. Je me disais: «qui suis-je pour me prétendre graphiste ou illustratrice?» J’ai été chercher une confiance, une routine de travail. Quand tu te retrouves du jour au lendemain à travailler de la maison quand ça fait six ans que tu fais des horaires de fou en agence, c’est un changement…
Comment avez-vous géré la perte de salaire?
Quand j’ai fait le saut vers le travail autonome, j’étais à l’aube de la trentaine, je sortais d’un bon emploi et j’avais beaucoup d’économies destinées à l’achat d’un duplex. J’ai choisi de l’investir dans ma carrière. Ça m’a beaucoup aidée. Je n’ai pas pris la décision à la légère. Il faut de la discipline pour se lancer en freelance. Il y a des périodes où il n’y a pas de contrats, il faut un coussin, sinon c’est facile de faire des crises de panique ou d’angoisse! (Rires)
Ce qui est intéressant c’est que vous avez trouvé l’épanouissement après un épuisement…
Oui, mais finalement ça valait la peine! Cet épuisement-là j’ai tendance à dire que c’est la meilleure chose qui me soit arrivée. Je ne le souhaite à personne, mais cela dit si mon corps ne m’avait pas donné ces signaux, je n’aurais peut-être pas osé faire le saut vers une autre carrière. Ça faisait des années que je me questionnais. C’est décourageant de se dire qu’on va devoir recommencer à zéro, mais la vie c’est long quand on n’aime pas ce qu’on fait. Je ne voulais plus faire quelque chose qui me rende malade ou malheureuse.
Faire ce saut, ça vous a appris quoi sur vous-même?
Que j’avais plus de guts que je le pensais! (Rires) Depuis trois ans, j’ai l’impression que je suis devenue la personne que je devrais être. Comme si avant, j’avais joué un rôle… Je me suis découvert des forces, des passions, un mode de vie différent, qui me plaît davantage que celui dans lequel j’étais avant. On est des artistes, et ce n’est pas le métier le plus lucratif du monde, mais ce mode de vie plus simple me convient davantage. Je me satisfais de peu et je suis heureuse. Je ne me prive pas pour autant! Je fais plusieurs voyages par années, j’ai un appartement que j’aime, une vie sociale active…
Ça, ce sont des choses que vous n’aviez pas avant?
Oui, mais d’une façon différente, ou que je n’appréciais pas autant. Je consomme moins. Je me sens plus libre car je ressens moins de besoins en général. Ce que je dépense aujourd’hui, je le fais dans des choses plus durables, dans des expériences versus des biens de consommation. On peut très bien vivre avec moins. Et ce n’était pas une chose que j’étais capable de comprendre avant. Maintenant je dépense beaucoup moins d’argent en vêtements et je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie!
Aujourd’hui, comment bâtissez-vous votre clientèle?
Grâce aux réseaux sociaux. Plus les gens partagent mes dessins, plus mon nom se diffuse et plus j’ai de contrats. C’est la beauté des médias sociaux pour les freelances! En début de carrière, quand personne ne savait que je dessinais, j’ai commencé à publier mes dessins sur Facebook, et sur Instagram. Des gens m’ont alors spontanément approchée. Tumblr, Linkedin, Behance sont aussi de bons médias. Ce matin, j’avais un craving de bagels, j’ai dessiné un bagel, l’ai posté sur Instagram, et ça a super bien fonctionné! (Rires)
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient changer de carrière?
Je leur dirais «Go!», «faites-le»! Si c’est quelque chose qui vous démange vraiment et que vous pensez que vous n’êtes pas à la bonne place, il faut le faire. La vie est trop longue pour être dans une situation qui nous rend malheureux au travail. Ça occupe quand même le plus clair de notre temps… Il faut bien choisir ce qu’on veut faire.
Et pour se lancer en freelance?
Être discipliné, c’est vraiment important, parce que ce n’est pas facile. Personne ne te surveille. Il faut que toi-même, chaque matin, tu t’habilles, tu prennes ta douche, tu t’installes à ton bureau et que tu travailles. Tu peux tomber dans un pattern où tu paresses, ou tu remets les choses au lendemain. Donc ça prend beaucoup de professionnalisme. Il faut avoir les nerfs solides. Il y a des périodes creuses… et d’autres plus prolifiques. Ce n’est pas un travail de 9 à 5. Mais si l’on est fait pour ça, c’est merveilleux!
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