Superviseur VFX de Ballerina : « On crée tout l’univers, on part de zéro »
Céline Gobert
22 février 2017
Carrière
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Le film d’animation Ballerina sort vendredi sur les écrans québécois et a entièrement été créé par le studio L’Atelier Animation, dont c’est le premier projet. Le superviseur 3D Benoit Blouin a dirigé une équipe de 150 professionnels. Il se confie à Espresso-Jobs!
Que faites-vous chez L’Atelier Animation?
Je suis superviseur 3D depuis 4 ans. Je supervise tous les départements dans la compagnie, de la création des plus petits objets au shot final. Je gère l’équipe qui fait ça. Je m’occupe aussi du lien client avec le réalisateur ou le producteur. Ils me donnent leur vision, me confient le script ou le scénario. Après, c’est à moi de m’assurer que ce qu’on fait représente leur vision. Chaque journée est rigoureuse. Chaque département présente le travail qu’il a fait. On regarde ce qui ne marche pas ensemble. On décide ce qu’on présente au réalisateur ou au producteur. On part ensuite en « review » avec le client. Ce sont des journées intenses de révision.
Sur Ballerina par exemple, comment ça s’est passé?
Avec Ballerina, on a d’abord regardé le script, puis l’animatic. Ils font des dessins de tout le film au complet, comme un storyboard dessiné à la main, puis ils vont ensuite le mettre en 3D et faire bouger les personnages. On va avoir toute l’histoire comme ça avant même de commencer le film. Selon les projets, c’est nous qui le faisons ou on le reçoit. Ça va nous permettre de nous attaquer à toutes les problématiques de création des personnages. Sur Ballerina, on a utilisé le logiciel 3D Maya mais on utilise une vingtaine d’outils différents pour faire un film.
Au total, Ballerina représente combien d’heures de travail?
Trois ans de création. Maintenant on s’occupe d’une télésérie Netflix, Robozuna, là c’est plus intensif : 20 épisodes de 20 minutes en presque un an. Le prochain film s’appellera The Bravest sur des pompiers en 1920. On est en écriture. Quand on commence, on doit créer tout l’univers, on part de zéro, on n’a pas de décors, on crée le moindre objet.
Vous travaillez ensuite tout à l’ordinateur?
Oui, sur le logiciel, grâce à des lignes sur le visage des personnages qu’on déplacer, ça va changer la morphologie du visage. On le fait aussi pour les décors. Ensuite, on met comme un squelette dans le personnage pour le faire bouger. Sur le logiciel, il y a ce qu’on appelle des « contrôleurs » sur le personnage. L’animateur est capable de le faire bouger avec ça, comme une marionnette. On a aussi un département qui place les caméras, donc eux ils ont vu le storyboard, ils regardent le dessin, et décident où placer la caméra. Enfin, on applique de la couleur et lumière sur les personnages et les objets. Chaque étape doit être validée par le client.
Quel parcours avez-vous suivi jusqu’à arriver sur le projet Ballerina?
Je suis sorti de l’école en 2001. J’ai 39 ans. J’avais déjà fait beaucoup de films VFX, j’avais été superviseur sur des grosses productions comme This is the end avec Seth Rogen. J’ai supervisé des documentaires de Discovery et un film d’animation Sarila. Ici, on m’a donné carte blanche pour faire ce que je voulais. Au départ, j’ai fait graphisme au cegep du Vieux-Montréal, pour me rendre compte que ce n’était pas mon domaine. Ensuite j’ai suivi une formation d’un an en 3D au Centre Nad. Par la suite, j’ai été engagé par Hybride pendant 5 ans où on travaillait principalement sur les films de Robert Rodriguez comme Sin City ou Spy Kids. J’ai beaucoup bougé : je suis ensuite parti chez Digital Dimension, Buzz Image, Oblique FX, et Modus FX.
Ça prend quelles qualités pour faire votre métier?
Il faut avoir un certain sens artistique, mais aussi technique. Il faut aimer travailler à l’ordinateur et y être débrouillard, car c’est principalement là où l’on travaille. C’est un travail mécanique. Être constamment créatif est passionnant. Le challenge c’est de partir des besoins des clients et de finir en leur présentant ce qu’ils veulent. Recevoir le projet sur le papier et trouver la façon de le faire de A à Z est très challengeant. Il faut respecter les délais, y arriver dans les temps. Par exemple, Ballerina est beaucoup centré sur les émotions, il fallait donc être capable de transmettre les émotions aux spectateurs. Il fallait réussir à aller chercher les petites émotions dans le regard, mais aussi de prendre les références en danse et d’être capable de les traduire en 3D.
Travailler chez L’Atelier, est-ce différent d’ailleurs?
Il y a une belle collaboration ici, c’est moins fermé qu’une compagnie avec 500 employés. Souvent, les clients nous font participer à la création ou ils nous demandent notre avis. On peut changer l’histoire, on a plus de liberté.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui débute?
Pour un parcours comme le mien, il faut rester ouvert à tous les domaines, être un généraliste dans l’âme, ne pas trop se spécialiser. Il faut être capable de faire autant de l’animation, que de toucher la texture, les couleurs ou encore la modélisation. Il faut être ouvert à travailler sur chaque étape.
Comment décririez-vous le milieu du VFX?
C’est un milieu très dynamique, très jeune. C’est surprenant, il y a tous ces jeunes de 20 ans qui arrivent, ça bouge beaucoup, il faut toujours réapprendre, écouter ce que les jeunes apportent dans le domaine. C’est un domaine où il y a beaucoup de pression, il faut travailler très vite dans un temps limité, mais il faut apprendre à s’amuser tout en travaillant, car c’est un domaine où tu peux facilement t’épuiser en tant qu’artiste.
Combien gagne un superviseur VFX en général?
Un superviseur VFX peut gagner entre 100 000 - 150 000 $ par année mais c’est variable selon l’expérience. Après en début de carrière, ça peut être 80 000.
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