Make Web Not War
Florence Tison
28 février 2020
Web
7 minutes à lire
298
Espresso-jobs a assisté, ce jeudi, à la deuxième journée de ConFoo, la conférence montréalaise destinée aux développeurs qui se tient jusqu’au 28 février à l’Hôtel Bonaventure.
Nous avons eu la chance d’accrocher l’organisateur Yann Larrivée, qui est à la tête de ConFoo depuis 2002, à l’époque où la conférence se nommait PHP Québec. Il nous a parlé de technologie et du rôle social éventuel du développeur dans la cybersécurité. Lui-même en est un, il sait de quoi il parle!
Yann Larrivée accueille les visiteurs au ConFoo lors de la première journée, mercredi.
Source : Twitter/ConFoo.
Qu’est-ce que ça veut dire, ConFoo?
Con pour conférence, Foo pour « Foo Bar Baz ».
Fubar, comme le film?
Foobar, techniquement, c’est un terme qui vient de l’armée, ça veut dire Fucked Up Beyond All Recognition. (Rires)
Fubar (2002), un faux documentaire canadien à propos de deux métalleux. Référence obscure.
Réellement, en informatique, Foo Bar Baz, c’est des variables. C’est comme quand on fait des mathématiques : tu as des variables x, y, z et tu peux y assigner n’importe quelle valeur. La partie Foo, ça veut dire autant les technologies PHP, Java, .net... C'est le truc le plus inclusif.
Avant, ConFoo, c’était une conférence juste sur PHP et, personnellement, j’ai progressé. Je me suis rendu compte que j’ai une plateforme et que je mets des gens en lien; je devrais offrir cette plateforme-là à tout le monde!
C’est ça que j’ai fait, dans un sens, grâce à Microsoft qui est là.
(Yann Larrivée pointe le kiosque de Microsoft pas loin.)
Le kiosque de Microsoft à la conférence ConFoo.
Microsoft, ah oui?
Un moment donné, Microsoft m’a approché et ils m’ont dit qu’ils aimeraient organiser un événement qui s’appellerait Make Web Not War.
Ça, ça m’a inspiré. Ça veut dire qu’on bâtit le futur, et arrêtons de nous battre. Arrêtons de penser que Microsoft c’est le big evil. Moi, en tant que programmeur, mon code marche partout, que ce soit Linux ou Windows. Ça m’a ouvert les yeux.
J’ai compris : il faut que je fasse le move. J’ai eu des insights sur leur migration de Microsoft vers l’open source : ils essaient de changer la mentalité à l’intérieur de l’entreprise. Microsoft, c’est maintenant l’un des plus grands contributeurs à l’open source.
C’est là que j’ai commencé à faire la transition : go, on ouvre ça à tout le monde. À partir de là, j’ai invité des conférenciers qui jouaient bien aussi avec les autres technologies.
C’est facile de faire du technology bashing. Ça prend des conférenciers qui ont la bonne mentalité, qui veulent contribuer à la société, que c’est pas juste leur trip dans leur coin : « Moi, ma technologie est meilleure que la tienne! »
C’est comme le jeu du plus gros « organe géniteur »…
À peu près. Il y a du monde qui ont un ego vraiment fort, pis c’est correct, on est tous bons. J’ai amené le monde avec le bon esprit, et je pense que ça paraît dans les conférences. Le monde aime ça parce que justement, il n’y a pas vraiment d’ego à ConFoo.
C’est pour ça que j’ai un hoodie, et c’est pour ça que j’ai des jeans. C’est authentique, et c’est vraiment la vibe que j’essaie d’avoir à ConFoo.
Yann Larrivée pique une jasette à ConFoo en tenant son ballon de basketball.
Apprends-tu encore des choses à ta conférence?
J’ai pas le temps d’y aller, c’est pas compliqué! J’apprends à organiser. On a 155 présentations, et j’ai reçu 950 offres. Je lis tout sur ces propositions que je reçois.
J’ai un impact sur les entreprises. Si je choisis des technologies que je crois qui ne seront pas durables, je peux les influencer négativement. Les entreprises peuvent faire un choix technologique et dans deux ans ou trois ans, c’est fini!
C’est déjà arrivé qu’une conférence mette de l’avant une technologie devenue rapidement désuète?
C’est déjà arrivé. J’avais « callé bullshit » là-dessus. Je ne veux pas dire c’est quoi parce que ça ne sert à rien, je ne veux pas faire du « bashing ». Mais oui, c’est déjà arrivé.
Selon toi, l’open source, ça va être quoi dans les prochaines années? Où ça s’en va?
De façon honnête, j’ai aucune idée. Mais il y a un point qui est important. Un truc que je pense qui serait vraiment bien.
Tu as des grosses entreprises comme Google et Facebook qui ont toutes nos données. Ces données-là, on n’en est même pas propriétaires. On contribue à Facebook, on contribue à Twitter, oui en échange de visibilité, mais je pense qu’on devrait être en contrôle de l’accès qu’on donne.
Le problème, c’est la sécurité, avec toutes les brèches de sécurité qu’on voit. Les entreprises ont toutes nos données, ou toutes nos transactions en ligne. Il devrait avoir un système où on en autorise l'accès, où je suis propriétaire et où j’héberge mes propres données.
Ça, ça aurait rapport avec l’open source, selon toi?
Oui. L’open Source. Et puis tu vois, Garmin.
(Yann Larivée pointe sa montre intelligente.)
Garmin a, à peu près, tous mes battements de coeur, il savent exactement je vais où, ils savent tout sur moi. C’est-tu (sic) normal? Et on est contents d’avoir ces gadgets-là, on est contents d’avoir ces données-là.
Garmin
Les montres intelligentes Garmin de la collection vívomove HR family.
Source : Garmin.
Tu devrais être propriétaire de tes données personnelles...
Je devrais être propriétaire! Et ça, il y a quand même une personne, Richard Stallman, qui avait identifié le problème dans le temps que les GPS commençaient à traquer. Ton téléphone cellulaire, Facebook, Google savent tous exactement où tu vas. Ce n’est pas normal.
Moi ça m'inquiète, et justement Richard Stallman en avait parlé dans le temps. Mais c’est une personne qui est un peu bizarre…
Les plus grands génies sont souvent bizarres!
Oui, mais lui l’est vraiment. Il a des idées weird, disons-le comme ça.
Richard Stallman s’exprime sur Apple et les dangers derrière les téléphones intelligents.
Source : YouTube/Timmy Smith.
Ça fait que l’open hardware, on devrait avoir le code de ce hardware-là!
Ça changerait quoi?
Au moins, nous, la communauté, on peut se garantir qu’il n’y a pas de faille de sécurité dans le hardware.
Et pour monsieur-madame tout le monde, ça changerait quoi?
C’est que la communauté, les développeurs, on peut dire « Ça, c’est bon pour la société. »
Il pourrait y avoir un « Vérifié par », comme pour les brosses à dent homologuées par les dentistes...
C’est ça. Vérifié par toute la communauté de développeurs. On est là pour la société, on bâtit tous les logiciels pour la société, c’est ça notre job, et c'est notre façon de donner.
Est-ce que ça se jase, ça, parmi vous?
Je pense que dans notre gang, oui, un peu, mais pas assez.
Vous pourriez avoir une association!
J’y ai déjà pensé dans le temps. Maintenant, je peux juste faire ça.
(Yann Larrivée indique d’un geste la conférence ConFoo.)
J’avais des idées d'association canadienne. Mais là, j'organise la conférence, et je suis satisfait.
Mais selon toi, les développeurs ont un rôle social à jouer pour la protection de la population?
On a un rôle à jouer, tout à fait! Il y a de quoi à faire avec ça, côté sécurité. Et la sécurité, ce n’est pas juste le code, c’est compliqué.
Vois-tu une solution à long terme?
Tu vois, c’est con, j’organise une conférence pour développeurs, je fais la promotion de la technologie et, moi, je suis un peu pour tirer la plogue sur la technologie. On est trop connectés. Je pense que des fois la technologie, ça nous pousse très loin aussi. On a besoin d'être plus humain, d'être terre à terre.
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