Matchmover: un métier en demande!

À 36 ans, il est artiste en ancrage numérique ou «matchmover» et travaille sur des projets aussi alléchants que Kong : Skull Island, Two Lovers and a Bear ou Game of Thrones!

Après avoir travaillé plus d’un an chez Rodeo FX, Dominic Drolet est présentement en contrat chez Framestore. Présent dès les premières étapes de post-production d’un film, il est passionné par la résolution de problèmes. Espresso-Jobs a eu envie de lui poser quelques questions.

Espresso-Jobs: Que fait un «matchmover»?

Dominic Drolet: Le matchmover travaille dès les premières étapes de post-production d’un film. Il recrée une caméra virtuelle en fonction de la séquence d’images dont il dispose pour chaque shot.

Comment?

On «tracke» certains points dans l’image, ça nous crée une caméra virtuelle, on peut alors insérer des objets en images de synthèse pour que ça colle dans la séquence. On peut faire du «body matchmove» aussi où l’on reprend le mouvement d’un acteur avec une marionnette en images de synthèse, frame par frame. Quand une équipe veut ensuite créer de la fumée ou de la poussière en images de synthèse, ça prend un corps physique pour influencer leur position.

Est-ce que vous pensiez être un matchmover dès le départ?

Non, pas du tout. J’ai étudié en 3D générale. À la base, je suis animateur traditionnel en 2D. Je voulais travailler dans le domaine de l’image mais il n’y avait pas beaucoup d’emplois. J’ai toujours été attiré par l’informatique. Mais entrer au Collège Bart c’était un coup de dé, je ne savais pas si j’allais aimer ça. Puis, quand j’ai commencé, je suis tombée en amour avec l’image de synthèse.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre travail?

Présentement, c’est la résolution de problèmes. Quand on fait du matchmove et qu’on doit «tracker» les bons éléments dans une séquence de films-  comme par exemple une chaise, le plancher quadrillé, des textures ou des scratchs sur le mur - qui nous permettent de générer la caméra, c’est vraiment une question de résolution de problèmes. Chaque séquence d’images en est un à résoudre, et nécessite des méthodes de travail qui peuvent être différentes.

Est-ce un métier en demande?

Oui, c’est un métier en demande car ce n’est pas super populaire. Peu de gens aiment ça, ils trouvent que c’est plus technique qu’artistique. «Tracker» des éléments peut également paraître difficile, peut-être parce que c’est moins intuitif je ne sais pas. Personnellement, j’ai un parcours un peu atypique, j’ai évolué pendant quatre ans dans le milieu universitaire, un milieu assez fertile. J’ai enseigné l’éclairage et la modélisation au Collège Bart, la création de personnages en synthèse à Laval. J’ai été technicien support pour les professeurs et les étudiants à Laval aussi.

Est-ce quelque chose que vous mettez en avant lors de vos entrevues d’embauche?

Pas vraiment. La majorité des milieux de l’éducation ne reconnaissent pas l’expérience en production, et vice versa. Si j’avais continué plus loin dans le milieu universitaire, j’aurais eu beaucoup de difficultés à rentrer dans des studios. Rodeo FX m’a fait confiance! Mais ces quatre ans m’ont beaucoup plu, et beaucoup appris. J’ai gravité autour d’intellectuels très intéressants et ai acquis des compétences en gestion, en organisation, et un esprit de synthèse car il fallait rendre les choses compréhensibles pour les étudiants.

Quelles qualités ça prend pour bien faire votre travail?

Il faut être pointilleux, aimer résoudre les problèmes. Idéalement, il faudrait avoir des connaissances en optique car on travaille beaucoup avec les caméras et les lentilles. Il y a beaucoup de gens qui sont en matchmove en espérant entrer dans d’autres départements!