Les employeurs souffrent-ils de grossophobie?
Louise Proulx
11 juillet 2017
Carrière
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Au Québec, la loi interdit la discrimination sur la base de l’apparence physique. Et pourtant… On dirait bien que les personnes en surpoids font peur à certains recruteurs.
Le culte de la minceur est partout! Les gens ont tendance à penser qu’une personne mince est enthousiaste, fonceuse, travaillante et, qu’au contraire, une personne ronde est paresseuse, lente et sans estime de soi.
Selon de nombreux articles publiés sur le sujet dernièrement, la société entretient la peur des personnes jugées trop grosses. L’ostracisation se passe dans les cours d’école et aussi, malheureusement, sur le marché du travail. Une étude menée en 2016 par un chercheur de l’Université de Leeds a même révélé que les gens obèses — surtout les femmes — sont considérés moins aptes à mener à bien leur travail.
Pourtant, au Québec, la Charte des droits et libertés de la personne proscrit toute forme de discrimination sur la base de caractéristiques personnelles telles que l’âge, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique ou religieuse... L’apparence physique ne peut pas faire partie des critères d’embauche. Ce n’est pas socialement acceptable.
La loi du silence
Il reste que, sur le marché de l’emploi, la discrimination est bien présente. Mais personne n’en parle. On ne peut pas parler de cela.
Comme l’a mentionné la chasseuse de tête Annie Lebeau, présidente de Capital GRH, à la journaliste Marie-Claude Lortie : « Il serait utopique de penser que l’image corporelle n’a rien à voir avec les décisions d’embauche. » Elle ajoute : « Ai-je déjà vu des cas flagrants ? Non, parce qu’on ne le dira pas. »
Comme le déclare la spécialiste du recrutement, les employeurs trouveront d’autres prétextes que le poids ou l’apparence pour refuser la candidature d’une personne. On dira qu’on remet l’embauche à plus tard, que les compétences recherchées ont changé, qu’on ne peut pas offrir le salaire visé… Par ailleurs, Mme Lebeau déplore le fait que les employeurs passent parfois à côté de gens extraordinaires.
Un cas flagrant de discrimination
La présidente-directrice générale du Réseau des femmes d’affaires du Québec a été témoin d’un cas de discrimination il y a peu de temps. Pour répondre à la requête d’un recruteur, elle a récemment trouvé la candidate idéale pour le poste à combler. Le monsieur est ravi. Elle a tout ce qu’il faut : aptitudes, compétences, expertises... Lors de l’entrevue, lorsqu’il constate l’apparence physique de la dame, il déchante : « Comment as-tu pu penser que j’embaucherais cette personne ? No way qu’on va l’engager! »
Poids et santé
On le sait tous, le poids n’a rien à voir avec les qualités humaines au travail. C’est une simple question de préjugé. D’après Mme Lebeau, les gens ne diront pas que l’apparence en soit déplaît, mais qu’ils craignent l’absentéisme de l’employé dont la santé est certainement fragile.
Encore une fois, la croyance populaire, renforcée par les campagnes de santé publique, veut que les gens en surpoids souffrent nécessairement de diabète ou d’une maladie coronarienne et qu’ils manquent également sûrement de volonté puisque, pour maigrir, il suffit de moins manger.
Pourtant, les personnes en surpoids, qui ont réussi au fil du temps à perdre plusieurs kilos en suivant de nombreux régimes, ont dû faire preuve de beaucoup de volonté. Et les personnes minces, de leur côté, peuvent très bien souffrir d’un trouble alimentaire qui les amène à se priver et donc à manquer de concentration au travail.
En définitive, à cause de la grossophobie, les employeurs se privent de candidates de choix. À quand une campagne de promotion pour la diversité corporelle au sein des entreprises?
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Publié il y a 18 jours
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