Ils créent leur premier jeu en réalité virtuelle!
Céline Gobert
13 mars 2017
Carrière
6 minutes à lire
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Ces deux étudiants du Nad ont fait partie de l’équipe ayant créé un jeu en réalité virtuelle, intitulé « Deep see ». Pour concevoir ce projet ambitieux, ils ont fait face à de nombreux défis!
C’est dans le cadre d’un cours du Nad que le « studio » a été créé. L’équipe dans laquelle ont travaillé Riwan Fezzoua, 26 ans, et Adrien Paguet-Brunella, 24 ans, a créé un prototype de jeu qui a ensuite été sélectionné par des professionnels issus en majorité des studios Ubisoft et Ludia. « Deep see » est maintenant en production.
Espresso-Jobs: Pouvez-vous m’en dire plus sur la création de votre jeu?
Adrien Paguet-Brunella : À la base, nous étions une équipe de 6 personnes, on a fait un gros brainstorm pour jeter ensemble toutes les idées qu’on avait, puis nous sommes arrivés à un consensus commun : on voulait créer une expérience immersive. Le thème récurrent était celui de la vie sous-marine. On faisait des séances régulières deux fois par semaine, de trois à cinq heures. Les quatre premiers mois, on a travaillé à 8 personnes sur le prototype. Maintenant, on est 17 pour la production. Il nous reste jusqu’à fin avril. On espère trouver une campagne de financement, puis mettre le jeu sur Steam.
Riwan Fezzoua : Si le jeu marche, toutes les portes sont ouvertes! Ce n’est pas parce qu’il est réalisé dans le cadre de l’université que ça veut dire qu’on ne pourra pas le vendre par la suite. On est 17 mais on a 5 personnes sur la musique, quelques personnes à Chicoutimi, à Montréal, et on est 12 à se voir tous les jours.
À quoi ressemble votre jeu?
Riwan Fezzoua : Notre jeu se joue dans le HTC Vive, c’est l’une des machines les plus poussées qui existent en réalité virtuelle. T’es amené à être debout, avec des manettes, dans un espace de jeu large de 3 mètres sur 3 mètres environ, où tu peux marcher, évoluer. Ça ouvre plein d’opportunités, et comme c’est très récent, il n’y a pas de règles, tout est à créer. T’es pas régi par ton écran, tu peux te baisser, tu peux t’accroupir, tu peux faire des choses dans l’air.
Adrien Paguet-Brunella : C’est tellement nouveau comme média, il n’y pas de règles qui s’appliquent à cette immersion-là! Tout ce que les professeurs nous apprennent, ou ce qu’on peut lire sur internet, ne s’appliquent pas. C’est hyper intéressant d’explorer les limites physiologiques, d’être capable de reproduire les besoins du corps dans un espace 3D tout en voulant créer un espace, une aventure, un monde différent de celui dans lequel on est.
C’est très différent de la création d’un jeu 2D…
Adrien Paguet-Brunella : Oui, absolument. On doit recréer les besoins primaires du corps, car l’oeil et l’oreille interne ne voient pas les mêmes choses, c’est-à-dire que le corps ressent des choses dans son monde réel puis l’oeil voit un monde différent. C’est intéressant d’explorer cela, de se confronter à des problèmes et de trouver des solutions.
Quels types de problèmes?
Adrien Paguet-Brunella : La méthode de déplacement. La majorité des jeux sortis sur le Vive se déplacent avec un système de téléportation, le joueur se téléporte et peut marcher dans l’espace. Nous avons au contraire préféré que le joueur puisse se déplacer en dirigeant la manette dans son espace. Cette méthode était difficile à réaliser, on s’est basés sur celle de Google Earth VR, et on s’est confrontés à de nombreux problèmes. Des gens dans notre équipe ont eu mal à la tête pendant deux jours.
Riwan Fezzoua : Si le cerveau n’est pas à l’aise avec la façon dont tu déplaces dans le jeu, c’est cela qui arrive. Il voit une chose, mais ce n’est pas ce qu’il ressent donc tu commences à avoir mal au ventre, mal à la tête.
Adrien Paguet-Brunella : Si tu mets le joueur dans l’oeil d’un cyclone, tu ne peux pas lui envoyer une légère brise dans la face. Tu ne peux pas faire des choses trop différentes de ce qui se passe dans la vraie vie, celle qui encadre le joueur, car sinon il va se rendre compte qu’il n’est pas dans cet univers-là et il va décrocher.
Quels sont vos parcours académiques?
Riwan Fezzoua : J’ai un bac en communications marketing. Là, je fais un certificat en design numérique et animation 3D au Nad, la formation courte. C’est le Nad qui nous fournit le matériel, le Vive, les ordinateurs, et des bureaux ouverts 24h sur 24h.
Adrien Paguet-Brunella : Moi je fais la formation longue au Nad, c’est-à-dire le bac. En France, j’ai fait un Diplôme National d’Arts Plastiques (DNAP), option communications visuelles. Ça équivaut à une Maîtrise ici. Au Nad, on a l’avantage de ne pas avoir de pressions financières, on est dans un petit cocon de production où les seuls choix que l’on a à faire, ce sont des choix de design. On a la possibilité de prendre tous les risques qu’on veut, de se planter, de voir comment on se plante, et de prendre ça comme un moteur.
Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui se lancent comme vous dans la création d’un jeu?
Adrien Paguet-Brunella : Il faut être capable de se détacher des acquis, de toujours se remettre en question, de ne jamais rester sur ce que l’on sait faire. Dans une équipe, chaque personne a à apprendre de l’autre. L’aspect communication est très important. Aussi, il faut savoir mettre son égo de côté pour le bien du projet.
Riwan Fezzoua : Il faut essayer des trucs funky, et se lancer! Au début, on avait quelques réticences à se lancer dans la réalité virtuelle, on ne savait pas comment développer ça.
Adrien Paguet-Brunella : La réalité virtuelle est vraiment un processus itératif pour réussir à régler les problèmes, on ne peut pas les régler d’un seul coup. Il faut vraiment être curieux, ça c’est la principale qualité, avec la débrouillardise. Faut avoir envie de prendre des risques, ne pas avoir peur!
Qu’est-ce qui vous passionne là-dedans?
Adrien Paguet-Brunella : Raconter des histoires!
Riwan Fezzoua : C’est le fun de voir quelque chose se concrétiser, voir le dessin, le croquis, se développer en un concept art, puis en modèle 3D, puis de le voir texturé, puis après ça tu mets le casque! Et là, il est devant toi, il a la taille que tu lui as donnée.
Adrien Paguet-Brunella : Et ça n’a pas de prix de voir le sourire des gens quand ils sont dans un monde que l’on a construit de nos mains et qu’ils peuvent explorer avec leurs yeux comme s’ils y étaient!
Riwan Fezzoua : Oui! Tout à l’heure, j’ai mis le casque sur ma mère et… c’est fou! Ça dépasse ce qu’elle peut imaginer!
Adrien Paguet-Brunella : On arrive à créer des émotions tangibles, proches de la réalité, car tu le vis vraiment, et ça n’a pas de prix. On a tous envie de continuer dans la réalité virtuelle. On a des étoiles dans les yeux, on se dit que tout est possible!
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