Sa firme a gagné un Oscar, il en est fier!
L'Équipe De TorrÉfaction
2 mars 2017
Carrière
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À 47 ans, Louis Marcoux travaille au sein de l’équipe d’animation 3D d’Autodesk, une firme qui développe les outils et logiciels utilisés par de nombreux studios. En 2015, sa boîte a même remporté un Oscar pour l’outil Maya!
Pouvez-vous me présenter Autodesk?
Je suis arrivé chez Autodesk en 2003 au sein de l’équipe d’animation 3D qui développe des outils comme 3dsMax, Maya, MotionBuilder, ModBox et Stingray, un game engine, une technologie de temps réel développée depuis deux ans. Maya est l’outil le plus populaire en films. On a des bureaux partout dans le monde mais pour les médias et divertissements, ça se passe à Montréal, et un peu à Toronto. Des studios comme Cinesite, Framestore, L’Atelier Animation, Digital Dimension, utilisent nos produits. Tous les nommés des Oscars pour les Meilleurs Effets Visuels cette année utilisent nos produits! (ndlr : les films The Jungle Book, Kubo and the Two Strings, Doctor Strange, Rogue One: A Star Wars Story et Deepwater Horizon utilisent Maya, 3ds Max, Arnold et Shotgun d’Autodesk).
Quel est votre rôle dans la firme?
Je fais le pont entre le développement et les clients. Il y a beaucoup de travail de communication. Je m’assoies aussi avec les développeurs pour faire du design. Je discute des problèmes, des hypothèses de solutions, des conséquences de nos produits et, plus largement, de celles des innovations technologiques. Le code, à la fin, ce sont juste des lignes. Il faut penser aux problèmes. Mon titre est « Subject matter expert », soit expert en la matière pour tout ce qui est médias et divertissements. Je suis « évangéliste » technique, je vais présenter les solutions techniques à des clients, dans les foires commerciales, sur les blogues… J’agis en tant qu’expert pour des gens qui vont nous décrire un projet, on va arriver et dire « voici les solutions qu’on peut utiliser dans nos produits pour faire ce projet-là. »
Par exemple, pour quels types de projets?
La réalité virtuelle est présentement très populaire. Il y a des compagnies d’ingénierie par exemple qui font des ponts. Ils ont un dossier d’ingénierie, un projet, des plans déjà dans Civil 3d ou AutoCAD, et ils veulent voir le pont en réalité virtuelle afin de pouvoir prendre des décisions sur le design. Ils vont utiliser notre technologie de real time pour faire une séance de réalité virtuelle, se promener dans le pont, voir ce qui fonctionne ou non. C’est de l’immersion qui permet d’avoir une perspective sur le produit. Beaucoup de gens ont de la misère à saisir la grandeur de quelque chose, en 2d par exemple ou quand on fait des rendus avec de l’animation où les caméras sont placées dans des endroits peu naturels. En réalité virtuelle, les gens peuvent vraiment se rendre compte.
Comment vous êtes-vous retrouvé ici? Quel est votre parcours?
J’ai d’abord fait un bac en cinéma à Concordia. À ce moment-là, tout était en pellicule mais on faisait la transition vers la vidéo. Je suis parti faire un bac en communications à l’UQÀM. J’ai postulé pour District Logic, SoftImage, je voulais faire des films avec des effets. Ils n’engageaient que des ingénieurs. Je ne trouvais pas ma place. J’ai été faire un bac en génie à Polytechnique. On a fait un film qui a été choisi au Festival des Films du Monde dans la section étudiant et on a remporté le prix. Une revue, L’Ingénieur, a fait un article sur l’équipe de Polytechnique dans lequel ils parlaient de moi qui voulais travailler chez District Logic, ou SoftImage. Les deux entreprises ont vu l’article et m’ont contacté. Et c’est comme ça que j’ai commencé chez District Logic en 1998. En 2000, je suis parti travailler pour VertigoXmedia, on faisait beaucoup de graphiques temps réel en 3D pour la télévision. J’avais fait les graphiques pour les élections américaines Gore/Bush à CNN. Vertigo faisait tous les logiciels de contrôle des graphiques. En 2003, District Logic m’ont rappelé, ils avaient besoin de quelqu’un pour faire de l’évangélisation technique en animation 3D.
Diriez-vous, qu’en plus de tout l’aspect technique, il y a une dimension artistique dans votre travail?
Oui. Je dirais que toute la partie communication est artistique. Nos clients sont des artistes. Je me situe un peu entre les deux. Le fait que j’ai fait du cinéma avant, et que j’ai un bac en génie me permet de connecter les deux. Quand t’es artiste, faut pas avoir de limites, faut être capable de créer, que ça soit le fun. Les gens n’arrivent pas devant une feuille de papier pour se dire : « aujourd’hui, il faut que je la remplisse. » Il vont être inspirés et utiliser différentes techniques. Il faut que la technologie suive. Un artiste, il faut qu’il produise de façon instinctive. Mon profil n’est pas si unique que cela. Les gens qui assument le côté technique, qui montent des pipelines d’animation ou font du modeling, ce sont des artistes.
Qu’est-ce qui vous passionne dans ce domaine?
Mon Dieu! Tout! Au départ, c’est de raconter des histoires. C’est ce que j’aime le plus. Je fais des présentations, je raconte des histoires, pendant une heure ou deux heures, dans un contexte donné comme une conférence de jeux ou devant un client. Aujourd’hui, on est rendus à un point où il faut toujours pousser plus loin la limite, en effets spéciaux, en jeux vidéo. C’est ça développer de la technologie, aller toujours plus loin.
Quelles qualités ça prend pour y exceller?
Faut être débrouillard, créatif, penser en dehors de la boîte. Il ne faut pas avoir peur de se laisser habiter par les défis et savoir se laisser envahir par un problème pour en trouver la solution. Garder cette ouverture à la créativité est la qualité essentielle quand on fait de l’innovation. Il faut être capable de comprendre les algorithmes complexes du code C++ par exemple pour ensuite faire des outils qui ont un sens pour l’artiste. Les concepts d’ingénierie lui importe peu, l’artiste veut être capable de tracer une ligne sans délai. Quand il sculpte, il faut que l’outil réponde à sa vision, la performance et la fluidité du mouvement doivent être là.
Quels conseils vous donneriez à un jeune professionnel pour réussir dans le domaine?
Un professeur nous avait dit un jour : « ce qu’on est capable de produire, c’est le résultat de la multiplication entre le nombre de choses que tu as vues, que tu as lues, que tu as apprises dans la vie, multiplié par l’intérêt que tu leur as porté. » Si l’un est à zéro, tout est zéro. 50 000 par zéro, ça fait toujours zéro. Il faut être intéressé par ce qu’on fait. Quand on fait de l’animation, on bouge des clés, n’importe qui peut l’apprendre en quelques semaines mais les bons animateurs, ceux qui savent créer des émotions, et nous faire pleurer, ça leur a pris de l’observation, de l’intérêt, des références. Il ont su prendre possession de ce qu’ils vivaient. Si tu veux réussir, il faut cette sensibilité-là.
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