Comment décrocher une job chez Ubisoft quand on est junior
Daphnée Hacker
11 novembre 2019
Carrière, Jeux vidéo
5 minutes à lire
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Il faut absolument une section du portfolio dédiée à la documentation du design du jeu, dit ce recruteur, faute de quoi, vous vous tirez dans le pied !
Montréal est un des plus importants pôles au monde pour la production de jeux vidéos. Mais décrocher son premier emploi demeure une étape ardue.
Dans une entreprise aussi grande qu’Ubisoft, l’équipe de recruteurs doit dénicher les perles rares parmi des centaines et des centaines de candidatures. Il faut se démarquer, mais comment?
Le spécialiste en acquisition de talents Eric Thériault (photo), qui s’occupe de recruter les game designers, les level designers et l’équipe de gestion de production chez Ubisoft Montréal, a partagé à Espresso-jobs ses précieux conseils.
Que font exactement les gens que vous embauchez?
Les game designers s’assurent d’imaginer et de développer la vision et les règles du jeu, en concevant des systèmes qui assurent à chaque joueur de pouvoir interagir de façon unique dans l’environnement immersif. Les level designers assurent la cohérence de la vision de l’équipe, en créant des niveaux et différents univers et écosystèmes dans le jeu qui vont enrichir l’expérience du joueur.
Faut-il absolument suivre une formation spécialisée dans la production de jeux vidéos pour décrocher de tels postes?
Oui, et il y a de plus en plus de techniques offertes dans diverses écoles professionnelles, ainsi que dans plusieurs universités. Je dirais que ça fait environ dix ans que ces formations pointues existent. Auparavant, les gens avaient des formations connexes, par exemple en design graphique, et graduellement, ils développaient les compétences requises, mais les choses ont bien changé!
Diriez-vous que l’industrie du jeu vidéo est difficile à percer?
L’offre d’emploi est intéressante, mais nous voulons les meilleurs, donc... C’est une question de perspective. Pour certaines personnes, ça peut sembler dur, car elles ne sont pas bien renseignées sur les exigences de l’industrie. Quand tu sais quoi faire pour que ton portfolio se démarque, déjà le sommet de la montagne semble plus atteignable.
Comment fait-on pour avoir un portfolio qui se démarque quand on sort de l’école ?
Pour percer, il faut faire ses preuves. J’aime voir des jeunes qui veulent constamment perfectionner ce qu’ils ont appris à l’école en ajoutant par exemple de l’animation 3D, en jouant avec des engins de jeu, en créant des niveaux, en s’aventurant avec des éditeurs de jeu «in game». Il y en a aussi qui vont créer des prototypes de jeu dans leur temps libre, ou encore qui vont participer à des «game jams» pour aiguiser leurs habiletés.
Et comment faut-il présenter tous ces projets pour attirer l’attention d’un recruteur comme vous?
C’est un point très très important: il faut absolument une section du portfolio dédiée à la documentation du design du jeu. C’est un document essentiel pour que je puisse comprendre la logique du designer, comment il a articulé son rôle dans le jeu, et que je puisse voir tout le visuel montrant l’évolution de son travail et de sa réflexion. En plus, ça permet de voir comment le candidat se débrouille en communication, car ça implique beaucoup d’écriture.
Y a-t-il des gens qui postulent sans ajouter cette documentation à leur portfolio?
Oui, beaucoup trop de jeunes designers négligent ce document essentiel… Je n’ai aucune idée pourquoi! Ils se tirent vraiment dans le pied... Car ça fait partie intégrante de la job d’un game designer et d’un level designer. Souvent, des postulants m’envoient une courte vidéo qui présente le jeu… c’est bien beau, mais il peut y avoir 20 personnes qui ont travaillé là-dessus! Moi je veux savoir ce que le designer a fait, et sans le document détaillé, c’est impossible.
Sans cette documentation, la candidature est-elle automatiquement rejetée?
Je dirais la plupart du temps, oui, malheureusement.
Revenons sur les «game jams». Pourquoi est-ce si important de participer à ces événements ?
Ce sont comme des marathons du jeu vidéo. Ils sont extrêmement formateurs et essentiels pour créer des contacts dans le milieu. Durant 24 à 48 heures, des étudiants, des juniors et des seniors de l’industrie, se rassemblent pour créer un jeu vidéo de toutes pièces. Ce sont généralement de petites équipes, donc ça permet de toucher à différents rôles et de mieux comprendre comment s’articulent la structure et la production d’un jeu.
La pression doit être intense puisque c’est en très peu de temps…
Oui c’est très exigeant, et exténuant! La plupart des gens dorment sur un coin de table quelques heures et c’est reparti. Mais c’est une expérience riche sur le plan humain comme sur le plan technique, qui permet en plus d’ajouter un prototype de jeu à son portfolio. Quand je vois qu’un candidat a participé à un «game jam», je trouve que ça démontre beaucoup d’initiative et de passion. En tant que spécialiste en acquisition de nouveaux talents, ça attire mon attention évidemment.
Quelles sont les qualités essentielles pour réussir en tant que game designer et level designer?
Des gens qui savent bien communiquer et collaborer et surtout, des gens créatifs. Je cherche des personnes curieuses, qui ont soif d’apprendre. Une qualité incontournable à mon avis est la capacité d’adaptation. Dans un grand studio comme Ubisoft, le rythme est rapide et les façons de faire tout comme les technologies changent constamment.
Et pour finir... une fois qu’on a décroché le poste tant convoité, comment réussir son entrée?
Au début, il faut être comme une éponge: écouter et analyser comment les choses fonctionnent. Bien suivre les personnes plus seniors responsables de vous former. C’est toujours étourdissant quand on commence, mais il faut apprendre à ne pas se mettre trop de pression. Les attentes envers un designer qui est là depuis quatre semaines ne sont pas aussi élevées qu’envers son collègue qui est là depuis quatre ans! En gros, ce qu’on veut, ce sont des gens passionnés qui vont nous permettre de continuer à créer les meilleurs jeux vidéos sur la planète!
Nom du studio : Ubisoft Montréal Fondé en : 1997 Expertise : Le studio se spécialise dans les productions de jeux vidéo à gros budget. Titres connus : Splinter Cell, Rainbow Six, Prince of Persia, Far Cry, Assassin’s Creed, et Watch Dogs. Nombre d’employés : + 2700 PDG : Yannis Mallat, producteur de jeux vidéo français. |
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