Il a été repéré par Marvel pour ses graffitis dans la rue!
Céline Gobert
11 avril 2017
Carrière
4 minutes à lire
2 188
Depuis 4 ans chez Eidos Montréal, cet artiste concept senior est passé par Beenox, Gameloft et a bossé sur une série Marvel. Il n’a fait aucune école et a été repéré pour ses graffitis de robots dans les rues parisiennes!
Avant de travailler sur la franchise cyberpunk Deus Ex, Nivanh Chanthara en était un immense fan! Chez Eidos, il a participé à la création des personnages, des environnements, des véhicules, mais aussi… des robots! Sa grande obsession.
Il raconte à Espresso-Jobs son parcours atypique d’autodidacte qui l’a mené du street art à Paris aux gros studios québécois!
Espresso-Jobs: Pouvez-vous revenir sur votre parcours?
Nivanh Chanthara: Je viens du monde du graffiti et du graphisme. Il y a 10 ans, j’ai fait le saut dans l’industrie du divertissement - dans la presse et dans la mode. Je faisais des logos, du design, je travaillais avec un styliste.J’ai fait beaucoup de jobs! J’ai été facteur, caissier, éclairagiste de défilés haute couture, et j’ai travaillé sur des chantiers. J’ai été repéré par Marvel grâce à mes graffitis. Ils cherchaient un mecha-designer, qui crée des robots, pour leur série animée Iron Man - Armored Adventures. Et mes graffitis, c’était que ça: des robots, des robots, des robots!
Qu’est-ce qui vous fascine tant dans les robots?
Ils ne sont pas humains! C’est ça que j’aime! (Rires) Tout est à créer chez un robot, il est aussi un bon médium pour réfléchir, il reflète ce qui ne va pas chez nous. J’aime beaucoup Asimov qui a développé le rapport entre l’homme et la machine, Ridley Scott avec Alien, Blade Runner. J’ai grandi avec les Star Wars aussi.
Comment avez-vous fait la transition du graffiti aux studios?
Quand Marvel m’a contacté, j’étais fou! J’avais sincèrement aucune idée des métiers de l’industrie. Le premier jour, tout le monde avait des tablettes graphiques, ou sortait de grandes écoles, j’ai eu un gros coup de pression! Mais tout le monde a été sympa avec moi et j’ai appris sur le tas! Dans les années 1990, je faisais partie du collectif 132, un groupe de graffeurs français. Je voulais m’exprimer, faire ce que je voulais, le graffiti permettait de prendre beaucoup de libertés. J’ai ensuite glissé vers le street art et puis je me suis orienté vers le collage d’affiches de robots! C’est plus éphémère car le papier se décolle, ça permet une plus grande rotation des oeuvres.
Vos débuts chez Beenox, c’était comment?
Ça a été un peu dur mais le plaisir est énorme! Quand tu te retrouves face aux problèmes, tu n’as plus de possibilité d’échappatoire, tu dois gérer les victoires et les échecs en live. Il a fallu s’accrocher, mettre son égo de côté, accepter les remarques, les critiques, les reprises de travail. Mais à chaque fois on avance d’un pas, et ce n’est pas abstrait comme à l’école, tu vois le résultat en direct.
Vous postez par ailleurs beaucoup de vos oeuvres sur Facebook…
J’ai beaucoup galéré avant 30 ans et je n’ai pas fait d’école donc j’ai un peu le syndrome de l’usurpateur… Poster sur Facebook me permet de satisfaire mon égo. J’ai souvent l’impression de ne pas être légitime, de ne pas avoir ma place, que j’ai toujours 10 ou 15 ans de retard à rattraper. Alors je produis comme un fou. Je dors moins. Je ne fais que produire, produire, produire.
Pourquoi le Québec?
Ma copine et moi voulions travailler hors de France. J’avais travaillé en Angleterre, elle avait étudié à New-York. Après Marvel, nous avions envie de bouger, et on a envoyé nos CV partout dans le monde, en Russie, au Japon, en Chine. Le jour même, j’ai reçu un appel de Québec, Beenox avait un poste non comblé depuis 6 mois. Maintenant ça fait 8 ans qu’on est ici! Montréal me faisait de l’oeil et Gameloft a été ma porte d’entrée. J’y suis resté quelques semaines avant d’aller chez Eidos que je visais depuis le début. Le studio se spécialise davantage en science-fiction, robots, etc. Et j’étais un gros fan de Deus Ex!
Quels conseils donneriez-vous à un jeune autodidacte qui voudrait percer?
C’est assez réac’ mais je dirais boulot, boulot, boulot. Le talent, ça aide au début mais ça ne suffit pas. Il faut beaucoup travailler, s’accrocher et bosser comme un malade. Un professeur m’a dit un jour qu’il fallait être rapide et humble, que ce soit face aux membres de son équipe, ou à son patron. Il ne faut pas oublier qu’on joue avec l’argent des autres, alors il faut que le patron soit content et satisfait. Il faut fermer sa bouche. C’est un métier où il y a beaucoup d’égos qui sont parfois exacerbés et mal placés. Le mien aussi. Il ne faut pas hésiter à aller là où on n’a pas envie d’aller. On peut monter aussi vite qu’on peut descendre. Et ça, je me l’interdis.
Nom du studio: Eidos MontréalLieu: Fondé par Eidos Interactive en 2007 et basé à Montréal. L'entreprise est une filiale de Square Enix. Nombre d’employés : plus de 400 Nom du dirigeant: David Anfossi, ancien producteur exécutif sur Deus Ex: Human Revolution. |
Articles susceptibles de vous intéresser
Emplois susceptibles de vous intéresser
En vedette
Montréal
Permanent à temps plein
Publié aujourd'hui
Longueuil
Permanent à temps plein
Publié il y a 7 jours
Montréal
Permanent à temps plein
Publié il y a 8 jours
Montréal
Permanent à temps plein
Publié il y a 12 jours
Vous devez être connecté pour ajouter un article aux favoris
Connexion ou Créez un compte
Emploi favori
Vous devez être connecté pour pouvoir ajouter un emploi aux favories
Connexion
ou Créez un compte