Des gamers et geeks de ce monde s’unissent pour contrer la COVID-19
N. Groseille
30 juin 2020
Carrière, Actualités
3 minutes à lire
299
Le projet Folding@Home est mené par des biologistes informatiques. Il est centralisé à l’Université Washington de Saint-Louis, aux États-Unis. Mais les participants proviennent de partout. Grâce à la collaboration de milliers de fans de jeux vidéo, de "mineurs" de bitcoin et d'entreprises, le projet Folding@Home a conçu l’ordinateur le plus puissant au monde, qui cherche à comprendre comment traiter les malades de la COVID-19.
"C'est un remède fantastique contre la sensation d'impuissance qu'on a en ce moment", s'enthousiasme Pedro Valadas, un avocat du Portugal qui coordonne l'un des plus gros contributeurs au projet, soit une communauté en ligne de 24 000 fans de PC et de jeux vidéos.
Comprendre la structure du virus
Le projet Folding@Home relie des milliers de machine entre elles pour créer un super ordinateur virtuel. Cet ordinateur est censé être le plus puissant au monde. Il serait capable d'effectuer des trillions de calculs chaque seconde afin de comprendre la structure du virus.
Avec cette mise en commun de ressources informatiques sans précédent, les instigateurs du projet espèrent accélérer la découverte d’un vaccin contre la COVID-19.
400 millions de milliards de calculs par seconde
Le journaliste Rob Lever de l’AFP rapporte l’extraordinaire capacité du super ordinateur virtuel : 400 pétaflops (un pétaflop correspond à un million de milliards de calculs par seconde). L’ordinateur du projet Folding@Home est donc 3 fois plus puissant que les meilleurs super ordinateurs dans le monde.
"En principe il n'y a pas de limite à la puissance de calcul que nous pouvons utiliser", assure Greg Bowman, professeur de biochimie et de biophysique moléculaire à l’Université Washington de Saint-Louis.
Conception de médicaments grâce à l'informatique
Ça fait déjà 20 ans que les chercheurs utilisent l’informatique pour tenter de concevoir des médicaments. Le projet est né à l'Université de Stanford, dans la Silicon Valley. Il s'agissait de mettre en commun des capacités de calcul informatique pour mener des simulations à grande échelle sur les maladies,
Greg Bowman a confiance en cette méthode, car elle a déjà permis de trouver une cible dans le virus Ebola. Aussi, le nouveau coronavirus a une structure similaire au virus du SARS, qui a fait l'objet de nombreuses études.
Parmi les molécules existantes envisagées, le professeur Bowman cite la chloroquine, traitement contre le paludisme potentiellement efficace dans la lutte contre le nouveau coronavirus.
Les "gamers" répondent à l'appel
Ces dernières semaines, plus d’une centaine de milliers de personnes ont téléchargé l'application de partage de données et de ressources informatiques.
N'importe qui peut participer. Vous possédez un ordinateur un peu récent, ou même une console de jeu PlayStation, alors vous pouvez contribuer en installant l'application. Ensuite, choisissez la recherche à laquelle vous souhaitez participer.
"Beaucoup d'entre nous ont souffert ou vu des proches souffrir. Le fait que n'importe qui depuis chez soi, avec son ordinateur, puisse jouer un rôle pour aider à la lutte la maladie, pour le bien commun, c'est vraiment motivant", commente l’avocat portugais, Pedro Valadas.
Quentin Rhoads-Herrera, de la société de cybersecurité Critical Start, résume ainsi sa contribution : "C'est comme fabriquer des bitcoins, mais au service de l'humanité!"
Nvidia, le fabricant de processeurs et cartes graphiques, a appelé les "gamers" à collaborer, car ils sont souvent bien équipés en puissance de calcul, pour avoir un bon rendu audio et visuel. "La réponse a été extraordinaire: des dizaines de milliers de personnes se sont ralliées au projet", s'est félicité Hector Marinez, un porte-parole de Nvidia.
D'autres superordinateurs sont utilisés pour des projets similaires. Le Oak Ridge National Laboratory se sert par exemple du meilleur supercalculateur du géant américain de l'informatique IBM. Début mars, ce laboratoire a annoncé avoir identifié 77 composés potentiels qui pourraient se lier à la principale protéine du coronavirus pour désarmer le pathogène, peut-on lire dans un article de l’AFP.
Participez-vous au projet Folding@Home?
Rédigé avec les informations de La Tribune, Ouest France et AFP
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